Faire un bébé toute seule
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Autour du parcours PMA solo

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Message par Clarinette Jeu 20 Avr - 17:37

Mettons ici tous les liens en lien avec notre parcours PMA de maman solo !

Film / Lecture :

Le Plan B : Allocine
« Lassée d’attendre un hypothétique Prince Charmant, Zoe a décidé de faire un bébé toute seule. Le jour même de l’insémination, elle rencontre Stan, qui pourrait bien être l’homme dont elle rêvait… Zoe se rend vite compte que démarrer à la fois une grossesse et une histoire d’amour est plutôt compliqué, surtout lorsque l’homme n’est pas le père de l’enfant, et qu’en plus il ne sait même pas qu’elle est enceinte… De son côté, Stan a bien du mal à comprendre Zoe, qui tente de cacher les premiers signes de sa grossesse. Ils ne savent rien l’un de l’autre, chacun a ses propres doutes, le bébé sera bientôt là et la vie s’acharne à les placer dans les situations les plus impossibles… Tout le monde peut tomber amoureux, se marier et avoir un bébé. Mais prendre les choses à l’envers et commencer par le bébé, c’est une autre aventure… » (Source : Allociné)

Tellement vrai : Reportage

Article Marie Claire : Article

Histoire anglaise pour les enfants : ICI

_________________
IAD 1 (mini stim) donneur ouvert à Liège : +,ma fille est née en avril 2018 (moi en 1982)
2019 : achat de 3 paillettes du meme donneur
IAD 1 en février 2021 : - // IAD 2 en mars : cycle annulé //IAD 2bis en avril : - // IAD 3 début mai : pas pu arriver à temps à la clinique
IAD 3bis le 27 mai : +, M est née en février 2022
Clarinette
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https://unbebetouteseule.forumactif.com

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Autour du parcours PMA solo Empty Re: Autour du parcours PMA solo

Message par Hannahis Dim 16 Juil - 17:40

une étude très intéressante:
Terrain http://terrain.revues.org/15219
Elles font des bébés toutes seules
Virginie Rozée Gomez
p. 134-149
Résumé | Index | Plan | Texte | Bibliographie | Notes | Illustrations | Citation | Auteur
Résumés
Français
English
Qui sont ces femmes françaises qui décident de concevoir un enfant sans être en couple en ayant recours à un don de sperme à l’étranger (ce recours médical n’étant pas possible pour elles en France) ? Comment ces femmes construisent-elles ce projet ? Comment le justifient-elles ? Leur démarche relève-t-elle du féminisme ? Leurs histoires et leurs discours montrent qu’il s’agit plutôt d’un choix par défaut, lié à l’échec de la rencontre du conjoint et du futur père. On observe alors le poids et l’intériorisation de la norme sociale dominante de la parentalité et de la famille en France, norme qu’elles décident de transgresser, le plus important étant pour elles de devenir mères et de se conformer ainsi aux normes de genre. Si la démarche de ces femmes n’est donc pas politique en elle-même, le refus français d’ouvrir l’assistance médicale à la procréation pour les femmes seules est une décision qui relève quant à elle pleinement du champ politique.
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Entrées d’index
Thème :genre, famille
Lieu d'étude :France
Mot-clé :monoparentalité, maternité, don de sperme, familles, genre
Keyword :monoparentality, maternity, gift of sperm, family, gender
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Plan
De l’échec de la rencontre conjugale à la décision de faire un enfant sans père
Chercher un père pour l’enfant
Recourir au don : faire un enfant sans père
« Seule avec un enfant c’est mieux que de ne pas avoir d’enfant. »
Avoir un enfant à soi et concevoir dans les règles de l’art
Inversion du parcours « classique » du faire famille
Se décharger des stigmates et s’aménager des espaces de légitimité
Conclusion
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1 En France, la loi autorise l’adoption pour une personne vivant seule depuis 1966. Mais seules 10 % (...)
1
Ces dernières décennies, on observe une diversification et une complexification des formes familiales dans les sociétés occidentales (Déchaux 2009) avec notamment l’apparition et la multiplication des familles recomposées, des familles homoparentales et des familles monoparentales. Ces dernières, formées d’un parent (le plus souvent une femme) et d’un ou plusieurs enfant(s) de moins de 25 ans, sont en France de plus en plus nombreuses (Chardon, Daguet & Vivas 2008 ; Eydoux & Letablier 2007) et ne sont plus perçues comme une configuration familiale marginale : on parle désormais de familles « variantes » et non plus de familles « déviantes » (Descoutures 2010 : 19). Si la rupture d’union n’est plus l’unique cause, la monoparentalité reste majoritairement liée aux divorces et séparations des deux parents. Elle apparaît donc en général comme une situation qui n’a pas été envisagée au moment de la concrétisation du projet parental1.
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Sur la scène transnationale, une nouvelle monoparentalité commence à se révéler : celle des femmes qui décident d’avoir un enfant, sans (leur) conjoint, en recourant à la médecine. Ces femmes diffèrent des autres mères célibataires dans la mesure où elles décident d’avoir puis d’élever seules un enfant. Aux États-Unis et au Royaume- Uni, elles sont appelées « single mothers by choice »ou « choice mothers », en Espagne « madres solteras por elección ». Des recherches tendent à se développer sur le sujet. Parmi les plus connues, citons l’étude de Clare Murray et Susan Golombok (2005) au Royaume-Uni auprès de vingt-sept mères seules et de leur enfant issu d’un don de sperme. Une autre étude, internationale et quantitative cette fois-ci, a été menée par l’équipe de Vasanti Jadva en 2008 auprès de deux cent huit mères célibataires recrutées sur des forums internet réservés aux choice mothers, ayant eu recours à un don de gamètes (Jadva et al. 2009). En Israël, une équipe scientifique a réalisé des entretiens auprès de soixante-deux familles monoparentales tenues par des femmes recrutées par l’intermédiaire d’une banque de sperme (Weissenberg, Landau & Madgar 2007). Enfin, il y a l’étude de Isabel Jociles et Ana Rivas réalisée auprès de quarante-huit mères célibataires par choix de la communauté de Madrid, dont quatorze ont eu recours à la médecine reproductive (Jociles & Rivas 2009).
2 Étude soutenue par l’attribution d’une allocation postdoctorale de l’Institut Émiliedu- Châtelet de (...)
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Si dans les années 1980 la chanson de Jean-Jacques Goldman, Elle a fait un bébé touteseule (1987), apparaissait comme fictionnelle, elle représente une réalité aujourd’hui, y compris en France. La monomaternité choisie issue de l’assistance médicale à la procréation est nouvelle, méconnue et peu étudiée. Ce manque de visibilité s’explique par le caractère prohibitif des démarches médicales pour les femmes seules. En effet, l’assistance médicale à la procréation en France est réservée aux hommes et femmes, dont l’infertilité a été médicalement constatée. La loi exclut de fait les couples de même sexe et les personnes seules. Dans d’autres pays en revanche, les nouvelles techniques procréatives sont disponibles et accessibles à toutes les femmes indépendamment de leur situation matrimoniale et/ou de leur orientation sexuelle. C’est le cas des pays précédemment cités, le Royaume-Uni, Israël, l’Espagne, mais aussi de la Belgique, du Danemark, de la Grèce, de la Finlande, de l’Islande, de la Lettonie, du Luxembourg, de certains États des États-Unis, du Canada et de l’Afrique du Sud (Rozée 2012a). Les femmes françaises qui cherchent à procréer sans être en couple avec un homme peuvent donc aller dans ces pays pour bénéficier d’un don de gamètes. Nous avons rencontré certaines de ces futures mères dans le cadre d’une étude sociologique plus large sur les recours transnationaux à l’assistance médicale à la procréation en Europe2.
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Cette recherche a été menée entre 2010 et 2012 auprès de personnes résidant en France qui faisaient appel à une assistance médicale à la procréation dans quatre pays (Grèce, Belgique, Danemark, Espagne). Ces pays ont été préalablement identifiés comme les principales destinations européennes des Françaises souhaitant bénéficier de tels traitements. Dans chacun d’entre eux, nous avons sélectionné un centre médical, qui acceptait de nous mettre en contact avec sa patientèle française et de réaliser avec celles et ceux qui le souhaitaient un entretien semi-directif. Nous avons ainsi réalisé cent trente et un entretiens, en face à face ou par téléphone, enregistrés pour la plupart, tous retranscrits ou annotés, et analysés de façon thématique. Si l’objectif initial de cette étude était de comprendre qui part, où, comment et pourquoi (Rozée 2011), l’étude n’en a pas moins permis d’observer et d’analyser les trajectoires de femmes qui empruntaient des chemins singuliers pour devenir mères.
3 Les femmes seules qui utilisent un don de gamètes à l’étranger constituent une minorité dans les re (...)
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Treize des femmes interrogées réalisaient seules, sans conjoint, des démarches médicales pour concevoir un enfant (voir tableau ci-dessous)3. Deux femmes réalisaient ces démarches en Grèce, six en Belgique, deux au Danemark et trois en Espagne. La majorité d’entre elles recouraient à un don de sperme, les autres à un double don (don de sperme et don d’ovocytes) du fait de leur âge et/ou de leur insuffisance ovarienne. Elles ont entre 36 et 51 ans (âge médian de 41 ans). Une femme s’est définie comme étant homosexuelle (Annabelle), une autre comme étant bisexuelle (Anne), les autres se sont décrites comme étant hétérosexuelles. Deux des femmes interrogées étaient en couple lors de l’entretien mais réalisaient les démarches médicales seules (Gwen et Anne). Elles sont sans enfant ; une cependant est enceinte au moment de l’entretien (Aline). À l’exception de Margarida qui est serveuse, elles sont toutes cadres ou exercent une profession intermédiaire, et vivent majoritairement en Île-de-France.

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Il s’agit donc de femmes appartenant aux générations nées entre 1960 et 1970, résidant principalement en zone urbaine, essentiellement parisienne, sans enfant et appartenant à la classe moyenne-supérieure de la société française. On retrouve sensiblement les mêmes caractéristiques que dans les autres études en ce qui concerne l’âge, l’orientation sexuelle, la situation conjugale et la classe sociale (Jadva et al.  ; Morrissette 2008 ; Weissenberg, Landau & Madgar 2007 ; Murray & Golombok 2005). Elles ont également les mêmes caractéristiques que les mères de familles monoparentales en France en termes d’âge (plus de 35 ans) mais elles diffèrent au niveau des catégories socioprofessionnelles, les mères célibataires en France étant plus souvent ouvrières ou employées (Chardon, Daguet & Vivas 2008).
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Notre étude ne portait pas exclusivement sur les femmes seules, et notre corpus est relativement petit. Aussi restreint qu’il soit, il souligne une réalité sociale nouvelle et émergente et soulève de nouvelles questions dans le contexte occidental contemporain. Comment décident-elles de s’engager seules dans des démarches médicales ? Nous analysons ici une étape particulière, celle de l’entrée en maternité, dans sa dimension temporelle, depuis la situation de célibat à la décision de recourir à un don de sperme. Car les femmes de l’étude, contrairement aux autres mères célibataires étudiées en France et dans les études citées, n’ont pas encore d’enfant. Comment décident-elles de construire un projet parental et procréatif qui transgresse la loi, mais surtout qui contrevient à la norme dominante de la parentalité et de la famille ? En dépit des transformations contemporaines, le modèle normatif dominant de la famille et de la parentalité dans la société française est celui d’un père (homme) et une mère (femme), élevant ensemble un ou plusieurs enfant(s) issu(s) de leur union. Ces femmes choisissent-elles sciemment de transgresser ce modèle ? Plus spécifiquement, est-ce que concevoir un enfant en étant seules relève pour elles d’une stratégie féministe ? Est-ce un choix pour s’affranchir de l’hétéronormativité et de la norme conjugale dominante du faire famille ? Faire un enfant sans père, est-ce pour elles une façon de se libérer du système patriarcal (Delphy 2001) ? Font-elles des bébés toutes seules parce que « les papas ne sont plus à la mode », comme le chante Goldman ?
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À partir du corpus de femmes ici constitué, de leurs propres mots et expressions, nous apporterons des éléments de réponses à ces questions. Leurs discours mettent en exergue une forte intériorisation du modèle normatif de la parentalité et de la famille, modèle auquel elles s’apprêtent pourtant à contrevenir. Car au final, ce qui compte pour ces femmes, c’est avant tout de devenir mères et d’optimiser ainsi la performance de genre (Butler 2005) liée à leur corps reproducteur et au rôle social qui leur est assigné.
De l’échec de la rencontre conjugale à la décision de faire un enfant sans père
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Comme pour les mères seules en Espagne (Jociles & Rivas 2009), le fait de ne pas avoir de partenaire est une situation décrite comme non choisie. Les femmes rencontrées évoquent trois principales raisons justifiant cette situation : le surinvestissement professionnel (Cécile) ; le décès brutal du conjoint (Valérie) ; et surtout l’absence de relation stable, le fait de ne pas avoir trouvé le « prince charmant » (Kaufmann 1999), et la rupture. Lorsqu’il y a séparation, elle est souvent liée au projet parental. Margarida et Annabelle chacune en couple, mariée avec un homme pendant cinq ans pour la première, en couple avec une femme depuis plus de six ans pour la seconde. Elles ont toutes deux décidé de quitter leur conjoint-e car celui ou celle-ci ne s’est jamais décidé-e à devenir parent. De même, Sabrina a vécu pendant trois ans avec un homme. Ensemble, ils ont fait deux fécondations in vitro France. Mais après la deuxième tentative, le couple a éclaté et elle s’est retrouvée célibataire sans enfant à 38 ans.
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Au-delà de l’échec d’une union ou d’une relation amoureuse, pour certaines comme Sandrine et Anne, le fait d’être « encore » seule et sans enfant s’expliquerait par leur histoire personnelle. Sandrine raconte que sa situation est liée à son histoire familiale, un père extrêmement absent, ce qui aurait perturbé ses rapports avec les hommes : « Ce n’est pas par hasard que j’arrive à 41 ans et que je fais le choix de ce processus. » De même, Anne explique que sa situation est liée à son enfance : son père coléreux et dépressif n’a pas été là pour elle.
Chercher un père pour l’enfant
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Face à l’échec de la rencontre conjugale, différemment justifié et interprété, les femmes rencontrées cherchent un homme avec qui concevoir un enfant. Gwen déclare : « Pour l’instant, je n’ai pas fait d’enfant parce que je n’ai pas trouvé quelqu’un avec qui vivre. Maintenant j’essaie de séparer le compagnon et le père de mon enfant. Je sépare les deux. » Ces femmes cherchent notamment un homme de leur entourage. Avant de se lancer dans des démarches médicales, Anne a demandé à son ex-compagnon d’être le géniteur de son enfant :
Au départ, l’insémination artificielle je voulais la faire d’une façon artisanale avec des hommes de mon entourage. […] J’ai revu un ex à qui j’ai déjà posé la question il y a six, sept mois déjà. […] Même si on n’habite pas ensemble, on s’aime très fort, on a vécu quelque chose de très fort ensemble, et je serais flattée et heureuse d’avoir un enfant avec lui par exemple.
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D’autres femmes, telle Gwen, recherchent cet homme via  :
Donc maintenant, je regarde sur Internet, je surfe, je discute avec des hommes, différentes sortes d’hommes. Des hommes qui veulent juste faire un don […]. Et là c’est pareil, il faut que l’on ait une affinité, il faut qu’on n’habite pas loin l’un de l’autre. […] Il va falloir que je voie beaucoup de monde, beaucoup d’hommes, des donneurs et des pères potentiels, quoi.
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Cette quête de l’homme avec lequel faire un enfant s’apparente à un projet de coparentalité entendu de la façon suivante : un homme, une femme se mettent d’accord pour avoir un enfant ensemble, pour en être légalement le père et la mère, tout en vivant dans des foyers séparés (Cadoret 2007). La coparentalité est généralement mise en oeuvre par deux couples, un couple gay et un couple lesbien associés pour la circonstance. Mais le projet initial des femmes seules ressemble à cette configuration familiale. Les femmes souhaitent en effet que l’homme ait également une implication éducative. Le fait de demander à un ami d’être le géniteur cache en réalité une volonté d’avoir un père pour l’enfant. Au début, Anne se disait qu’elle voulait juste un géniteur, « mais non pas du tout en fait ». Si elle conçoit l’enfant avec quelqu’un de sa connaissance, elle voudrait qu’il s’implique « parce qu’il représente quelque chose pour lui. Et d’un autre côté, il va l’emmener au cinéma, il va l’emmener au cirque, il va l’emmener faire des jeux ». Mais après réflexion, cette option n’est pas toujours décrite comme étant la meilleure solution puisque c’est d’emblée mettre l’enfant dans une famille décomposée où il sera « ballotté » entre la maison de la mère et celle du père, comme l’explique Gwen : « Le souci c’est ça, c’est la garde partagée. Je n’ai pas trop envie que mon enfant soit ballotté non plus à droite, à gauche. »
Recourir au don : faire un enfant sans père
4 En Belgique, cependant, l’anonymat est la modalité la plus fréquemment proposée et utilisée pour le (...)
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Face à l’échec de la situation conjugale et de la rencontre du futur père, les femmes décident alors de se lancer dans des démarches médicales. La décision est difficile car elle fait écho à leur échec personnel, et signifie pour elles faire un enfant sans père – d’autant plus dans le cas où le donneur est anonyme. Dans les entretiens, la modalité du don de gamètes (anonyme ou non) apparaît rarement comme un choix délibéré, mais plutôt comme un fait lié à la destination (Rozée 2011) : en Grèce et en Espagne, le don est strictement anonyme ; en Belgique et au Danemark (dans la clinique étudiée), les futurs parents peuvent choisir entre un don ouvert ou un don anonyme4. Une minorité des femmes de l’étude a opté pour un don ouvert afin, expliquent-elles, que l’enfant ait un « père ». Les autres femmes recourent à un don anonyme et regrettent cette modalité. Valérie raconte que, s’il y avait eu la possibilité que le donneur puisse se faire connaître de l’enfant, elle aurait accepté cette option. Elle se dit qu’elle aurait peut-être dû attendre, mettre plus d’argent de côté pour aller en Angleterre où le don n’est pas anonyme mais où la prise en charge est plus chère qu’en Belgique.
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Le discours des femmes met en exergue un certain amalgame entre « donneur » et « père ». La déclaration de Gwen illustre bien cet confusion : « Là on me demande de signer un papier comme quoi je renonce à connaître le nom du père. » Or, ce n’est pas au nom du père qu’on lui demande de renoncer, mais au nom du donneur. Elle continue : « Mon plus gros souci, c’est que le don est anonyme, et que j’aurais aimé connaître le père de l’enfant. » On observe à ce sujet une certaine ambivalence, que l’on retrouve dans d’autres études (Rozée 2012c ; Murray & Golombok 2005) : considérant le géniteur comme le père de l’enfant à naître, celui-ci peut également apparaître comme une menace. Si le donneur n’avait pas été anonyme, Valérie aurait eu « peur qu’il réclame quelque chose vis-à-vis de l’enfant ». Selon elle, l’anonymat protège la cellule familiale : « C’est un peu dur […] mais pour moi il y a une tranquillité d’esprit. » L’anonymat du donneur est considéré a posteriori une garantie d’indépendance et de sécurité pour l’avenir. Anne-Laure explique :
Donc je préfère, à la limite, que ce soit anonyme. Je ne dois rien à personne et la personne ne me doit rien. […] Il n’y a pas d’histoire de pension alimentaire, pas d’histoire de coups bas ou de machins. Au moins, chacun sait où il va. Le donneur est tout à fait conscient de ce qu’il fait quand il donne. Il sait qu’il aura un enfant quelque part. Il ne sait pas où.
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On retrouve ici la même représentation que celle de la donneuse d’ovocytes parmi les autres couples de l’étude : les femmes qui recourent à un tel don ne se considèrent pas toujours et ne sont pas toujours considérées par leur conjoint ou leur entourage comme la véritable (future) mère de l’enfant, puisqu’elles ne participent pas génétiquement à sa conception. Il règne l’idée que la donneuse est forcément parente, et comme une évidence, assumée ou non, que l’enfant souhaitera plus tard connaître sa « vraie » mère (Rozée 2012b).
5 Françoise Héritier (1985) montre que dans d’autres sociétés, non occidentales, la parentalité est u (...)
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Si les discours des futures mères soulignent l’intériorisation de la norme dominante du nécessaire accès aux origines (Delaisi 2008), ils mettent également en exergue l’intériorisation d’une autre norme sociale dominante en France : celle de la parentalité et de la famille. Le modèle normatif de la parentalité en France, et dans les sociétés occidentales en général5, est celle dite « naturelle », c’est-à-dire issue de relations sexuelles (Cadoret 2007 ; Löwy 2006). L’accès légal aux traitements de l’infertilité en France est d’ailleurs révélateur de ce modèle puisque l’offre médicale est essentiellement intra- et bioconjugale (Rozée & Mazuy 2012). Dans la société française, le père social est le plus souvent celui qui participe génétiquement à la conception de l’enfant. Si cette représentation du donneur/père est quelque peu bousculée aujourd’hui par le recours au don de sperme (recours minoritaire en France) qui dissocie la paternité biologique de la paternité sociale, elle est réaffirmée voire accentuée avec l’apparition et le développement des tests de paternité. Plus généralement, cette norme de la parentalité « naturelle » renvoie au modèle normatif de la famille, fondée sur l’hétérosexualité reproductive (Tain 2009) et l’intraconjugalité.
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Tout au long de la construction du projet procréatif et parental, les femmes de l’étude cherchent à se conformer à ce modèle normatif : l’idéal reste pour elles, comme pour la majorité des mères célibataires par choix (Jadva et al.  ; Jociles & Rivas 2009 ; Murray & Golombok 2005), de procréer au sein d’un couple et que l’enfant ait un père :
L’idéal reste d’avoir un papa et une maman. L’idéal est de faire un enfant avec un homme et de l’élever ensemble (Valérie).
Pour moi un enfant c’était oui il faut un père, une mère, enfin un couple traditionnel (Annabelle).
Maintenant, c’est sûr que c’est comme tout le monde, moi-même en premier lieu, ce serait mieux et ça serait l’idéal effectivement en couple, et les deux parents pour l’enfant (Cécile).
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Ce modèle est d’ailleurs rappelé par l’entourage. Gwen raconte qu’elle a le droit à « des leçons de morale ». Sa mère essaie notamment de la dissuader :
Elle me dit : « Non mais enfin ! Un enfant ça se fait à deux ! Et puis c’est tout. » Je sais bien tout ça mais quand on n’a pas la deuxième personne, est-ce qu’il faut renoncer ? »
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Elles s’interrogent alors sur le bien-fondé de leurs démarches essentiellement pour le futur bien-être de leur enfant : « Est-ce que j’ai le droit de lui infliger ça ? » (Anne). Car le modèle normatif est également socialement considéré comme étant le « meilleur » cadre familial pour un enfant. Les femmes de l’étude ont longuement hésité à se lancer dans un projet en solo car la transgression de ce modèle constitue selon elles une menace pour l’équilibre de leur enfant. Anne déclare à ce propos qu’elle va devoir apprendre à gérer sa culpabilité par rapport à une éventuelle souffrance de l’enfant.
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Tous les entretiens montrent que face à la recherche vaine du modèle normatif de la parentalité et de la famille, les femmes ont dû trouver des solutions ; elles ont « enfoncé des portes », « fait tomber des pans », « fait sauter des verrous ». Leur décision a été décrite comme étant mûrement réfléchie. C’est ainsi que l’explique Sandrine : « Je n’ai pas appuyé sur un bouton en me disant “Tiens, je vais faire un enfant sans père”. » Cette décision, aussi difficile soit-elle, est présentée comme indispensable car en définitive, pour ces femmes, la priorité est celle de devenir mères.
« Seule avec un enfant c’est mieux que de ne pas avoir d’enfant. »
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« La famille se situe au croisement instable de deux attentes très différentes : le couple et l’enfant, ce dernier constituant l’élément le plus structurant » (Kaufmann 1999 : 82), principalement pour les femmes. En France, s’exerce en effet sur elles une forte pression sociale incitant à concevoir (Rozée & Mazuy 2012), issue des constructions sociales de sexe. Le « faire famille » et essentiellement la maternité sont socialement considérés comme un devoir social pour les femmes, comme un élément constitutif de leur identité (Knibiehler 2001).
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Ainsi, les femmes rencontrées sont prêtes à renoncer à tout, à leur idéal, au couple, au père de l’enfant, mais pas à devenir mères. Gwen explique qu’elle avait « plus envie d’un enfant que d’un compagnon à vie ». De même, Aline est en couple avec un homme qui a déjà un enfant issu d’une précédente union. Elle explique qu’elle n’était pas prête à renoncer à la maternité pour sauver ce couple et a donc décidé de se lancer seule dans un projet de double don en Espagne. Amélie déclare qu’elle peut concevoir de ne jamais rencontrer la bonne personne mais pas de ne pas avoir d’enfant :
Maintenant je sais que ça va être très dur. Mais de toute façon ne pas avoir d’enfant ça va être très dur aussi. […] Moi je suis incapable de vivre sans enfant. Ça je sais une chose, c’est que je ne vieillirai pas sans enfant. C’est ma seule certitude.
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Quant à Sandrine, elle explique :
A un moment donné […] ça devient une question vitale, donc c’est un enfant ou rien !
Avoir un enfant à soi et concevoir dans les règles de l’art
6 En France, les femmes seules abandonnent plus souvent les démarches pour obtenir l’agrément que les (...)
25
Pour devenir mères, certaines ont envisagé l’adoption. Aline a même obtenu l’agrément. Mais en fin de compte, le parcours pour adopter leur a semblé trop compliqué et trop difficile pour s’engager seules dans une telle procédure6. De plus, comme pour l’ensemble des personnes interrogées dans le cadre de l’étude, utiliser une assistance médicale à la procréation à l’étranger est apparu comme beaucoup plus simple, rapide et nettement moins coûteux. Certaines futures mères célibataires ont vite exclu l’adoption car elles souhaitent un enfant « à elles », issu de leur propre corps. Si la maternité adoptive est devenue légitime, la maternité biologique demeure la plus valorisée (Iacub 2004). La « vraie » mère est alors, socialement, celle qui porte l’enfant in utero. Les femmes qui ont renoncé à l’adoption ont intériorisé cette représentation de la maternité. Elles expliquent qu’elles veulent « être maman à 100 % », qu’elles ne se sentiraient pas capables d’aimer un enfant qui ne serait pas leur enfant.
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Il s’agit également pour elles d’accéder à une maternité (biologique) dans « les règles de l’art ». Toutes reconnaissent qu’elles auraient pu concevoir un enfant avec un homme rencontré dans la rue ou dans le bar du coin. Mais cette situation ne leur semble pas « éthique », « clean », « réglo », notamment pour l’enfant car elles l’auraient fait dans le mensonge. Gwen explique :
Moi je n’ai pas trop envie de faire n’importe quoi justement, ne serait-ce que pour raconter ça à mon enfant après […]. J’ai besoin d’un cadre, les choses proprement, simplement.
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Cécile reconnaît qu’elle aurait eu la possibilité de faire autrement sans « s’embêter ». Mais c’est une chose qu’elle ne pouvait pas faire, pour elle-même, pour la personne avec qui elle aurait fait l’enfant, même sans lui dire. Elle préfère dire à son enfant plus tard qu’elle s’est donné les moyens pour y arriver. Au final, le recours au don apparaît pour ces femmes comme l’option la plus éthique et la plus honnête pour que l’enfant « parte sur des bonnes bases ». C’est également l’option qui leur semble la plus saine puisqu’il y a un contrôle médical du donneur. Cette sécurité médicale est en effet impossible dans le cadre d’une relation sexuelle d’un soir sans protection ni examens médicaux préalables.
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Au-delà du désir intime et personnel de devenir mères, décider de concevoir seules un enfant est une façon pour les femmes rencontrées, et celles des autres études citées, de répondre aux contraintes normatives de genre, qui apparaît comme plus important que de se conformer à la norme conjugale du faire famille. L’usage de la médecine, après avoir exploré d’autres solutions, est donc pour elles une façon d’optimiser leurs chances de devenir mères, avant qu’il soit trop tard notamment.
Inversion du parcours « classique » du faire famille
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Comme pour l’étude de Clare Murray et Susan Golombok (2005), l’âge est le principal élément déclencheur du projet « en solo ». Chercher un père pour l’enfant requiert du temps : il faut construire quelque chose de solide et durable avec lui avant de se lancer dans un projet parental comme le raconte Sandrine : « Trouver un homme déjà c’est quelque chose, mais trouver un homme avec lequel faire un enfant, ça ne se fait pas comme ça. » Elles ne conçoivent pas de s’engager dans un projet procréatif et parental avec un homme qu’elles connaissent à peine. Or, si elles persistent dans leur quête du partenaire-père, elles prennent le risque de ne plus être fertiles et de se retrouver sans enfant. Car en effet la fertilité des femmes baisse à partir de 35 ans, et très nettement après 40 ans. Elles déclarent alors ne pas avoir le temps d’attendre et envisagent donc la solution la plus rapide :
Un moment, je me suis dit que, tout simplement pour des raisons biologiques, il allait peut-être falloir que je me décide à le faire seule, sinon je pourrais peut-être plus avoir un enfant (Annabelle).
Comme j’ai 39 ans – j’aurai 40 ans l’année prochaine –, je n’ai plus non plus beaucoup de temps à réfléchir. Il fallait que je fasse au plus vite (Cécile).
L’idéal c’est quand même qu’il y ait un papa. C’est vraiment parce que moi je suis âgée. Par rapport à la fertilité je veux dire (Valérie).
30
Devant l’urgence, les femmes de l’étude ont décidé d’inverser l’ordre de l’entrée en famille en commençant par l’enfant, un père venant éventuellement plus tard. Il s’agit de séparer clairement le projet conjugal et le projet maternel et surtout de les prioriser : elles se lancent d’abord vers le projet maternel, le projet prioritaire, puis tenteront de concrétiser un projet conjugal. Anne-Laure raconte :
Et là je me suis dit qu’après c’était un peu la loterie, je n’étais pas sûre de rencontrer quelqu’un, donc je me suis dit Bah ! zou, je règle ça et on verra après ! Si ça se trouve, je rencontrerai quelqu’un plus tard, à 45, 50 ou 60 ans, peu importe ! Mais au moins j’aurai été maman.
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Elles n’ont donc pas renoncé au prince charmant, qui, si elles le rencontrent, sera le père de l’enfant. Le futur conjoint est en effet très présent dans le discours des femmes. Sandrine déclare qu’elle n’a pas mis de côté son désir d’être avec quelqu’un, qu’elle a l’» ambition » de rencontrer un homme lorsque la question sera de nouveau à l’ordre du jour.
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La situation de monoparentalité est donc décrite comme provisoire. Les femmes espèrent toutes qu’un jour elles fonderont une « vraie » famille. Le recours à un don de sperme anonyme laisse justement cette possibilité, selon elles, de donner plus tard un père à leur enfant (puisque cette place ne sera pas prise par le géniteur). Nous observons ici les mêmes résultats que ceux d’autres études : la majorité des mères célibataires recourant aux inséminations artificielles avec donneur de sperme imaginent avoir un conjoint dans le futur tant pour elle-même que pour l’enfant (Jadva et al.  ; Murray & Golombok 2005).
Se décharger des stigmates et s’aménager des espaces de légitimité
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Les femmes de l’étude déclarent avoir conscience d’un éventuel « doigt accusateur » (Kaufmann 1999 : 42). Au moment du projet, elles sont parfois jugées irresponsables. Anne-Laure a des amies qui lui disent : « Tu ne te rends pas compte ! Un enfant, déjà à deux c’est compliqué, mais toute seule ! » Annabelle explique comment la démarche individuelle d’employer les techniques procréatives est perçue dans la société :
Le fait que ce soit une insémination, avec donneur, donc j’ai envie de dire : c’est totalement la démarche absolue d’une femme célibataire et homosexuelle qui ne va faire aucun effort pour se trouver un homme pour faire un enfant. Ça, je crois que ça ne passe pas vraiment. Mais à un moment, on s’en fout.
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Elles comprennent ce « doigt accusateur » lié à leur déviance, comme le résume Sandrine :
On va tellement à rebrousse-poil sur plein de choses, dans tous les sens, à rebrousse-poil de ce que pense la famille, à rebrousse-poil de ce que pensent ses amis, à rebrousse-poil de ce que l’on pensait, des normes sociales, des lois… On va à rebrousse-poil de tout.
7 La question de la ressemblance est également présente dans les autres entretiens de notre étude, au (...)
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Mais plus que stigmatisées, elles se sentent isolées et marginales. Elles expliquent qu’en France les futures mères célibataires ne sont pas organisées comme le sont par exemple les familles homoparentales. Contrairement à cette catégorie de femmes dans d’autres pays, elles n’ont aucune visibilité sociale et politique. Elles tentent alors de se décharger des éventuels stigmates (Goffman 1975) associés à leur déviance et à leur marginalité. Une des stratégies mises en place consiste à maximiser la ressemblance, symbole d’une certaine « naturalité de la naissance » (Cadoret & Wilgaux 2007). L’enfant à naître n’ayant pas de père, il apparaît comme nécessaire chez les femmes rencontrées que l’enfant leur ressemble pour réduire les effets négatifs de l’absence de filiation paternelle, pour éviter que la société lui rappelle qu’il est issu d’un don. On retrouve cette même volonté de ressemblance parmi les couples hétérosexuels qui recourent à un don de gamètes (Becker, Butler & Nachtigall 2005) : l’apparence physique est une façon pour les futurs parents d’échapper à la stigmatisation de leur enfant ou à la mise en doute de la légitimité de leur famille (puisqu’il n’y aura pas de lien génétique entre l’enfant et l’un ou les deux parents)7. Ainsi, dans notre étude, toutes ont demandé que le donneur ait le même phénotype qu’elles. Anne-Laure raconte :
La seule chose que j’ai demandée, c’est qu’il soit de type européen, puisque c’est mon type également, et que je me disais que bon, c’était déjà pas mal comme ça de n’avoir qu’une maman, je ne voulais pas en ajouter.
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Pour maximiser ces ressemblances, les femmes ont également choisi le pays en fonction de leurs origines ou du phénotype majoritaire de la population. Margarida a choisi la Grèce car elle est originaire des Balkans ; Anne a choisi le Danemark car les Danois sont généralement blonds aux yeux bleus, comme elle.
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Elles s’affranchissent également des éventuels stigmates en s’aménageant des espaces légitimes pour leur future famille dans la société française. Elles décrivent notamment leur projet comme étant cohérent avec la diversification des configurations familiales en France, à travers laquelle la mère reste l’élément central. Gwen explique comment le fait de vouloir fonder une famille en tant que femme célibataire n’est pas si marginal :
Avoir un père c’est très important, je ne le nie pas, mais il y a des tas de gens qui n’ont pas de père et qui le vivent bien. […] Je connais des tas de gens qui ont des pères et qui sont des pères nuls à chier, et qui sont absents ! […] Si on est honnête, la majorité des gens sont élevés par leur mère. Mais pas par leur père.
38
Valérie déclare de même :
Autour de moi, […] quand je regarde […] mes amies qui ont des enfants, j’en ai pas beaucoup qui sont restées avec le papa des enfants.
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Quant à Sandrine, elle estime :
Le modèle c’est toujours le couple. Au fond, ce n’est qu’un modèle, ça se casse la gueule partout ! Autour de nous, combien il en existe encore des couples ? Très peu […]. C’est une donnée du paysage, ça fait partie de la normalité actuelle. La séparation. La séparation, aussi normale ou anormale que l’union.
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Leur projet est aussi présenté comme s’inscrivant dans un mouvement d’augmentation des familles monoparentales. Elles se différencient cependant de ces dernières et expliquent qu’il faut faire la distinction entre la monoparentalité dès la conception et celle issue d’une séparation. Elles déclarent que leur projet aura moins d’impact négatif sur le bien-être de l’enfant puisque, contrairement aux familles monoparentales, leur famille ne connaîtra pas de rupture. C’est un argument avancé par Sandrine :
Mon amie la plus proche, c’est vrai que son copain est venu un jour, la petite avait deux ans et il lui a dit « Je te quitte ! Je vous quitte ! », et il est parti comme ça. Donc c’est traumatisant ! […] Ce n’est pas du tout comparable au fond. Évidemment, il n’y a pas de père mais il n’y a pas de cassure dans l’histoire. Il n’y a pas de rupture.
41
Cet argument est un des résultats des recherches menées dans les autres pays (Jadva et al.  ; Golombok & Badger 2010). En effet, ces études montrent que la situation des mothers by choice différente de celle des mères célibataires séparées ou divorcées : ces dernières sont plus vulnérables économiquement et socialement, et l’enfant a été souvent exposé aux conflits des parents et à la dissolution de la famille. Dans le cas des familles monoparentales choisies, les femmes se préparent économiquement, socialement et psychologiquement à élever leur enfant seules, sans père ou conjoint, dès sa naissance.
42
Le doigt accusateur apparaît plus comme le résultat de l’intériorisation du modèle normatif de la famille et de la parentalité. Il se situerait davantage à un niveau politique, législatif et médical que social, car dans leur entourage, la plupart des femmes déclarent être soutenues dans leur projet. Les parents auraient certes préféré que leur fille ait un enfant avec un père-conjoint. Mais somme toute, il semblerait qu’il y ait une plus grande importance accordée à la maternité qu’à la conjugalité, à la filiation qu’à l’alliance. La réalisation de la maternité chasserait les stigmates liés au projet parental transgressif et à la situation de célibat chez les femmes. « Davantage que de ne pas vivre à deux, ne pas avoir d’enfant est […] le facteur qui provoque un maximum de soupçons d’anormalité » (Kaufmann 1999 : 83). Virginie Descoutures écrit à ce sujet, dans son étude sur les mères lesbiennes, que « d’un point de vue hétéronormatif, une mère, quand bien même lesbienne, est moins condamnable qu’une lesbienne qui n’a pas d’enfant » (Descoutures 2010 : 121-122). Il semble qu’une mère seule est de même moins condamnable qu’une femme seule sans enfant.
Conclusion
43
Les (futures) mères célibataires ici étudiées ont sensiblement les mêmes caractéristiques sociodémographiques que les autres mères seules qui ont recouru à une assistance médicale à la procréation interrogées dans les autres études (autour de 40 ans, classe sociale moyenne voire supérieure, majoritairement hétérosexuelles, vivant seules, etc.). On retrouve également des réflexions, des expériences et des argumentations communes. Elles s’inquiètent toutes de l’impact que peut avoir sur l’enfant le fait de grandir sans père. Elles prennent leur décision et s’engagent dans une solution médicale lorsqu’elles ont le sentiment de ne plus pouvoir attendre – essentiellement du fait de l’âge –, et ne veulent pas prendre le risque de ne jamais avoir d’enfant. Le recours au don de sperme est pour elles l’option la plus rapide, la plus légitime mais aussi une façon d’éviter la relation sexuelle d’un soir (avec les risques affectifs et médicaux que cela comprend), une indépendance (ne rien devoir à personne), c’est une sécurité quant à la revendication possible d’un géniteur qu’elles n’auraient pas choisi. Ces femmes inventent ainsi de nouvelles façons de devenir mères et de fonder une famille où le couple (hétérosexuel) n’est plus le moteur de l’entrée en parentalité, et le père le pilier de la famille.
44
Dans l’étude, l’» affranchissement » à l’égard des contraintes normatives de la parentalité et de la famille est assumé mais il est décrit comme étant davantage « subi » que délibérément choisi puisque l’idéal reste pour elles de concevoir avec un homme, avec lequel elles entretiendraient une relation stable et privilégiée. D’après l’étude menée en Israël (Weissenberg, Landau & Madgar 2007), les femmes seules qui recourent à un don de sperme ou à un double don sont souvent celles qui ne veulent pas de partenaire sexuel homme ou de père pour leur enfant. Le processus médical est alors pour elles le seul moyen de devenir mères de façon « biologique » sans pour autant se marier ni être en couple. Notre étude montre au contraire que, pour les femmes évoquées ici, tout comme celles des autres études, le fait de faire un bébé toute seule s’est imposé à elles, et ne montre en aucun cas une volonté d’indépendance vis-à-vis des hommes ou de contrevenir au système patriarcal. Ces projets témoignent donc d’une certaine liberté de fait prise par les femmes puisqu’elles transgressent les normes sociales et juridiques : à la différence des mères étudiées dans d’autres pays, elles doivent traverser les frontières pour bénéficier d’une prise en charge qui leur est interdite en France. Elles utilisent les avancées de la médecine reproductive et le contexte d’européanisation pour réaliser leur maternité. Cependant, leurs discours et leurs trajectoires révèlent le poids de la norme dominante de la famille et de la parentalité, ainsi que des normes dominantes de genre auxquelles elles tentent de se conformer avec énergie et persévérance.
45
Cette nouvelle réalité de la monomaternité choisie interroge l’interdiction française – certes plus symbolique que répressive. Comme le déclare Anne-Laure :
Sachant que par ailleurs, on est quand même en Europe, […] et qu’à partir du moment où maintenant on peut traverser aussi plus facilement les frontières, c’est un peu ridicule. C’est se voiler la face ! Moi je trouve. On m’autorise à traverser la frontière pour le faire mais on ne m’autorise pas à le faire en France.
46
Si le choix de faire un enfant seule ne relève pas d’une stratégie féministe, l’interdiction en France de recourir à l’assistance médicale à la procréation lorsqu’on n’est pas en couple peut, quant à elle, apparaître comme politique.
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Cette interdiction serait un moyen d’éviter la vulnérabilité économique et sociale des familles monoparentales, la monoparentalité étant, en France (mais aussi dans d’autres pays européens), associée à la pauvreté et à la vulnérabilité. Mais les études indiquent ici que les femmes qui font ce choix de concevoir seules sont plutôt financièrement à l’abri et/ou se préparent économiquement à accueillir un enfant. L’interdiction pourrait également avoir comme objectif de protéger le modèle dominant de la famille et de la parentalité. Elle serait ici cohérente avec celle concernant les couples de même sexe. Derrière ce motif, on retrouve l’argument éthique qui consiste à refuser l’utilisation de la médecine à des fins de « convenance » (le traitement de l’infertilité « sociale » étant souvent ainsi défini). Paradoxalement, la médecine est déjà utilisée en France pour des cas de « convenance » lorsqu’elle ne touche pas à la reproduction, par exemple dans le cas de la chirurgie esthétique. Par ailleurs, les soins médicaux proposés ne sont que des palliatifs de l’infertilité : ils ne permettent pas de traiter l’infertilité ni de la « guérir ». Ces soins, y compris pour les couples hétérosexuels, sont donc proches de la « convenance » pourtant interdite en France. Derrière cet argument, on reconnaît également la volonté de préserver l’intérêt de l’enfant, qui ne pourrait s’épanouir qu’avec deux parents de sexe différent. La monoparentalité est souvent en France associée à un facteur de risque pour les enfants, à une déstructuration de la famille qui a des effets sur le bien-être et le développement des enfants. Les rares études de suivi des enfants dans différentes configurations familiales issues d’une assistance médicale n’observent pourtant aucune différence entre les enfants nés et élevés au sein des familles monoparentales, homoparentales et hétéroparentales ; et les adolescents élevés par des mères seules depuis leur naissance montrent un développement semblable à celui des autres enfants, tant sur le plan affectif que comportemental et intellectuel (Chan, Raboy & Patterson 1998 ; Weissenberg, Landau & Madgar 2007 ; Golombok & Badger 2010).
48
Enfin, cette interdiction cacherait une volonté de limiter la liberté et les droits reproductifs des femmes. Comme pour l’avortement, le recours aux nouvelles techniques procréatives fait écho aux droits des femmes à disposer de leur corps reproducteur (et sexuel), et à ce titre contribue fondamentalement à accéder à une égalité de droits et de faits entre les hommes et les femmes. En restreignant l’accès à l’assistance médicale à la procréation, la loi ne permet pas à toutes les femmes de décider de leur vie reproductive, librement, en fonction de leurs propres choix de vie et histoires, sans le consentement d’un homme. Concevoir seule un enfant à l’aide de la médecine constituerait alors une menace pour la société patriarcale française, puisque cela donnerait la possibilité d’inhiber la place réelle et symbolique du père.
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Notes
1 En France, la loi autorise l’adoption pour une personne vivant seule depuis 1966. Mais seules 10 % des procédures d’adoption sont faites par des femmes ne vivant pas en couple (Villeneuve-Gokalp 2007).
2 Étude soutenue par l’attribution d’une allocation postdoctorale de l’Institut Émiliedu- Châtelet de la région Île-de-France (2010- 2011), et financée par l’Institut de recherche en santé publique et l’Agence française de la biomédecine (2010-2012).
3 Les femmes seules qui utilisent un don de gamètes à l’étranger constituent une minorité dans les recours transnationaux. Dans notre étude, elles ne représentent que 10 % de la totalité des entretiens réalisés. Nous avons rencontré d’autres femmes seules qui réalisaient des démarches médicales pour congeler leurs ovocytes. Elles n’étaient donc pas dans une étape de concrétisation du projet maternel et ne sont donc pas considérées dans cet article.
4 En Belgique, cependant, l’anonymat est la modalité la plus fréquemment proposée et utilisée pour le don de sperme.
5 Françoise Héritier (1985) montre que dans d’autres sociétés, non occidentales, la parentalité est un fait culturel et non naturel. Chez les Samo au Burkina Faso par exemple, la paternité est symboliquement et non biologiquement attribuée.
6 En France, les femmes seules abandonnent plus souvent les démarches pour obtenir l’agrément que les couples ; elles se voient également plus souvent refuser l’agrément (Villeneuve-Gokalp 2007).
7 La question de la ressemblance est également présente dans les autres entretiens de notre étude, auprès des couples recourant à un don de gamètes, mais de façon moins systématique. Elle a été davantage soulevée en lien avec l’adoption internationale.
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Pour citer cet article
Référence papier
Rozée Gomez Virgnie, 2013, « Elles font des bébés toutes seules », Terrain, n° 61, pp. 134-149.
Référence électronique
Virginie Rozée Gomez, « Elles font des bébés toutes seules », Terrain [En ligne], 61 | septembre 2013, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 16 juillet 2017. URL : http://terrain.revues.org/15219 ; DOI : 10.4000/terrain.15219
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Auteur
Virginie Rozée Gomez
Institut national d’études démographiques (Ined), Paris
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Message par Leopoldine7580 Mar 18 Juil - 12:18

Hannahis, merci !!!!!

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Message par Invité Mar 18 Juil - 20:28

Merci pour cet article, Hannahis !!
Je ne suis pas vraiment d'accord avec l'utilisation (un peu abusive...) des idées de Judith Butler (la maternité comme norme de "genre") dans ce cas, notamment car la "performance" et le détournement des normes heteronormatives dont parle Butler impliquent une volition qui ne colle pas à toutes les réalités du parcours PMA solo, voir est bien peu présent (consciemment en tout cas). Aussi, je trouve que la notion de désir d'enfant est vraiment trop peu évoquée, ou alors uniquement dans l'idée qu'il participe d'un féminin biologique que les mouvances féministes identifient comme socle de la tyrannie du genre et de la société patriarcale. En gros, toutes les femmes n'ont pas de désir d'enfants et certains hommes en ont un, donc ce n'est pas ça qui définirait "la Femme" mais est précisément à creuser dans une étude sociologique.
Par contre, chapeau pour le parallèle très convaincant entre l'interdiction à la PMA pour les femmes homo et célibataires et le droit à l'avortement ! Ça fait réfléchir !!

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Message par Clarinette Dim 30 Juil - 16:56


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Message par Invité Mer 2 Aoû - 20:04

Arricle sur les avis divergents des instances françaises sur la congélation d'ovocytes : http://amp.elle.fr/Societe/News/Congelation-des-ovocytes-pourquoi-ca-bloque-3512153

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Message par Muguete Lun 7 Aoû - 12:23

Claire,

Tu t'exprimes avec des termes très élaborés: est ce que tu serais toi même prof à la fac? Smile (excuse moi si tu l'as dit je ne m'en souviens plus).
J'avais lu cet article quand Hannahis l'a posté, très intéressant. Je pense comme les auteurs, le fait d'associer le rejet de la pma pour femmes célibataires est effectivement à mettre en lien avec la domination masculine, la société patriarcale comme il est dit. En même temps je comprends certains hommes aussi et leurs peurs: quand on se "passe" d'eux on peut aussi leur donner le sentiment qu'ils sont quantité négligeable dans la reproduction et qu'il suffit d'avoir une banque de sperme à proximité pour qu'ils ne servent plus à rien. Ce sont des peurs profondes je crois, pas seulement des préjugés sexistes.
Un autre truc que je trouve en revanche très bien vu dans l'étude: on pense souvent au fait que le modèle papa-maman-bébé est une construction sociale, du moins une pression sociale qu'on voudrait nous imposer. Mais je n'avais pas perçu aussi que le lien biologique est aussi une construction sociale (et pas seulement un "fait" ou un sentiment naturel et spontané), ça m'aide dans ma réflexion sur la fiv dd.

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Message par Yonyon Dim 20 Aoû - 10:57

Hannahis et Claire, merci pour ces articles vraiment très intéressants !

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Message par Hannahis Mar 22 Aoû - 13:31

Un article pas très encourageant mais qui est une expérience trouvé dans L'Express

Le vibrant récit de Garance Doré qui voulait un enfant après 40 ans
Par Audrey Kucinskas, publié le 22/08/2017 à 13:19 , mis à jour à 13:20
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Garance Dore raconte, sur le site de Lena Dunham, son parcours devenir mère (image d'illustration).
Garance Dore raconte, sur le site de Lena Dunham, son parcours devenir mère (image d'illustration). Getty Images
Dans la newsletter créée par l'actrice féministe Lena Dunham, la célèbre blogueuse française raconte son parcours du combattant pour tomber enceinte après 40 ans.

Elle est l'une des Françaises les plus influentes du numérique. Garance Doré partage, depuis plus de 10 ans, sa vie rêvée sur son blog, que ce soit ses nombreux voyages, ses conseils mode et beauté ou ses pensées intimes. Mais jamais, jusqu'à vendredi dernier, n'avait-elle confié son lourd parcours pour tenter, sans succès, de devenir mère.

C'est dans la Lenny Letter, newsletter créée par l'actrice Lena Dunham, qu'elle a choisi de dévoiler ce pan douloureux de sa vie dans un long témoignage. Garance Doré raconte, à la première personne et en anglais, comment elle n'a pas pensé à la maternité avant l'âge de 39 ans. Tout juste séparée de son compagnon, Scott Schuman, alias The Sartorialist, la blogueuse veut alors devenir mère toute seule.

Garance Doré et Scott Schuman

"Mon Dieu, ce serait parfait, je me suis dit. J'emploierais une super nounou, je continuerais à vivre ma vie comme je l'entends, où je l'entends, sans aucun homme pour interférer dans mes plans. Que c'était malin, que c'était moderne", écrit Garance Doré. Mais la blogueuse est coupée dans son élan lorsqu'elle rencontre Chris Norton, musicien américain dont elle tombe amoureuse.

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Message par Hannahis Mar 22 Aoû - 13:33


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Message par Invité Mer 23 Aoû - 16:00

Muguete, oui, je suis démasquée Wink
Tu as bien raison de souligner les peurs masculines à la possibilité de faire des enfants via un donneur. Ce sont des peurs bien réelles et légitimes qu'il faut entendre ; mais il ne s'agit que d'une possibilité biomédicale. La plupart des femmes dans un parcours solo, je le crois, aurait préféré avoir un enfant dans le cadre d'un couple établi ou à tout le moins, un enfant qui ait un papa biologique et "social" (beurk pour la formule !). C'est souvent la conjugaison de facteurs socio-émotionnels et du hasard des rencontres associés à l'horloge biologique des femmes qui amène à ce parcours. Et le lien biologique est aussi une construction, ça j'en suis convaincue, oui !

Merci pour ton post, Hannahis ! J'ai justement lu l'article original de Garance Doré (en anglais) ce matin  Wink  
Il est très intéressant mais il m'a aussi fait bondir. J'ai trouvé ses motivations pour vouloir un enfant un peu douteuses ; c'est justement ce qu'elle interroge et qui la mène à mettre fin à ses 2 essais de PMA, mais je trouve que ça vient vraiment sur le tard ! Notamment la vision d'un enfant presque "trophée" que la femme moderne épinglerait à son bras pour compléter le tableau du "succès" et du "bonheur" qui est très fréquente et qu'elle attaque à juste titre.
C'est quand même un portrait assez noir de la PMA (attitude des médecins, lourdeur des traitements, désespoir de "tout" essayer et de ne faire que ça), mais je trouve qu'il renforce pas mal de clichés (dont celui de la femme carriériste qui ne pense pas aux enfants avant 39 ans). Et, aller, je me lâche pendant que j'y suis, elle a eu la grande chance de pouvoir payer ces traitements a priori sans se ruiner, alors ça manque de gratitude pour cet accès aux soins et d'empathie pour les femmes faisant face à ce parcours et qui vivent, comme elle l'a fait, la grande violence de ces démarches toute seule ou à deux. C'est assez typique de ce que fait Lena Dunham cela dit et c'est une des grandes critiques contre sa série Girls, "rich white girl problems"... Par contre, sa conclusion sur l'injustice de l'existence et la douleur d'être face au désir d'enfant quand le corps ne veut pas coopérer mettent dans le mille !

Sinon, je venais poster le lien du Donor Conception Network britannique qui propose des petits articles et des ressources (certaines sont payantes) : http://www.dcnetwork.org/home
Il y a des choses intéressantes mais tout est en anglais par contre...

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Message par melwel7 Jeu 13 Fév - 20:19

Quand est-ce que la pma pour toutes sera autorisée en France ? Je suis une femme célibataire et j’aimerais un enfant...
Merci pour vos réponses.

melwel7
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