Sacrifier une relation ?

Bonjour,
Je ne sais pas vers qui me tourner pour échanger sans jugement sur un sujet aussi intime, alors je dépose ici ce qui m'empêche de dormir depuis quelque temps.

Je vais avoir 42 ans le mois prochain, je n'ai pas d'enfant pour des raisons encore un peu floues pour moi, l'attente de la relation parfaite, une ambivalence de fond, la peur de perdre ma liberté, il y a un peu de tout probablement...Avec un sentiment depuis 10 ans d'être incomplète, pas tout à fait normale, et que je ne pourrai jamais être heureuse sans enfant.

J'ai commencé depuis 1 an ou 2 à faire le deuil de l'idée d'avoir un enfant, je souffre un peu moins qu'avant, mais l'annonce d'une grossesse reste compliquée à entendre et j'évite le contact avec les bébés.
Avec ce début d'acceptation est venue l'exigence d'une relation de couple réussie pour compenser l'absence d'enfant.

Rencontrer un homme qui me plaît, qui me plait vraiment beaucoup, c'est très rare pour moi, cela m'arrive une fois tous les 10 ans. Et ça m'est arrivé il y a 4 mois.
Nous sommes très bien ensemble, notre relation a un réel potentiel, nos fonctionnements se complètent, nous partageons les mêmes valeurs, nous communiquons bien, et surtout il m'accueille telle que je suis, dans toute ma complexité, sans jugement, je peux être moi avec lui, et c'est suffisamment rare pour être précieux.

Cet homme a 50 ans, il a 3 jeunes enfants de 6, 8 et 10 ans. Il a tenu à me les présenter, et là, tout s'est réenclenché chez moi. Le voir avec sa famille m'a littéralement fendu le cœur. Je me suis sentie seule, à part, pas comme il faut, un peu jalouse de lui aussi...il a ce que je n'ai pas et que je n'aurai peut-être jamais.
Cela a provoqué une crise dans la relation. Je lui ai fait part de ce que j'ai ressenti et de la douleur de ne pas avoir d'enfant revenue comme un boomerang.

Il dit comprendre ma détresse, sans parvenir à se positionner, me répétant juste qu'il ne veut pas que la relation s'arrête.
Ce qu'il me dit:
il ne veut pas prendre de décision influencée par sa peur de me perdre
il a 50 ans...
la stabilité du couple doit avoir été éprouvée quelque temps avant de prendre la décision d'avoir un enfant

Je précise que je ne lui ai rien demandé. J'ai d'emblée considéré que c'était mon problème. Pour moi il était évident qu'il ne souhaite pas d'autre enfant, et ses arguments me le confirment, il ne dit pas non mais il multiplie les arguments contre, et je les comprends parfaitement. Et je n'ai pas besoin de vous dire que je n'ai pas le temps d'attendre...

De mon côté, tout est confus, je ne peux pas affirmer vouloir un enfant à tout prix et je ne peux pas affirmer être prête à ne jamais en avoir. Je suis perdue.

Je me dis que ce qu'il s'est passé ce jour-là en le voyant avec ses enfants m'a peut-être rendue service, peut-être un dernier coup de coude du destin qui me rappelle d'y repenser une dernière fois avant qu'il ne soit définitivement trop tard.

Mon dilemme est donc le suivant:
poursuivre cette relation à fort potentiel, au risque qu'un jour elle se dégrade malgré tout et que je regrette d'avoir laissé filer ma dernière chance
ou la sacrifier, avec le risque de tout avoir perdu si la PMA n'aboutit pas

Cela me semble impossible d'aller faire mon petit truc de mon côté, et de se retrouver en cas d'échec. Ce serait trop facile pour lui, et je lui en voudrais, donc cette option n'est pas envisageable pour moi.

Merci de m'avoir lue, j'ai besoin d'échanges pour alimenter ma réflexion, car seule je n'y arrive plus...

Bonsoir Pomme,

mon premier conseil serait de trouver quelqu'un (psy) à qui exposer tout ça. Souvent de s'entendre parler à quelqu'un de totalement neutre, ça permet de démêler bien des noeuds. Ce sera quelqu'un qui sera impliqué dans l'écoute mais sans jugement.

Si cela peut aider à ta réflexion, je peux comprendre que 4 mois cela puisse paraitre court à ton compagnon pour une quelconque projection et sa situation par rapport à la tienne lui inspire peut-être une certaine culpabilité?

La décision ne pourra venir que de toi.

Et en parcourant ce forum, tu verras à quel point ce parcours peut être long (réflexion, RDV, bilan avant d'aller plus loin). A toi de voir si tu penses acceptable de faire un premier bilan avec ton gynéco pour voir où tu en es, ce qui est envisageable, et peut-être faire le point sur certaines réalités. Cela t'aidera peut-être à y voir plus clair ou à nourir ta réflexion sur le sujet?

Bon courage!

Flora

Merci Flora pour ta réponse

J'ai en effet une psy avec laquelle j'aborde ce sujet, elle a un peu de mal à être neutre car elle-même a eu son dernier enfant à 42 ans!

Je sais à quel point le parcours peut être long, mon message ne l'a sans doute pas reflété car je l'ai centré sur la relation, mais cela fait plusieurs années que cela m'occupe l'esprit,

J'ai fait un bilan complet il y a 3 ans, analyses, écho, radio, IRM, que j'avais très mal vécu.
J'ai une trompe bouchée et le bilan hormonal n'étant pas terrible, la gynéco m'avait directement orientée vers une FIV. Il se trouve que mon compagnon de l'époque était stérile, ce qui impliquait un don de sperme.

Sur le moment, tout cela m'a semblé insurmontable, je n'ai jamais envoyé la demande de prise en charge, et notre couple n'a pas tenu.

Aujourd'hui je n'ai aucune illusion sur mes chances d'être enceinte, je sais que le bilan hormonal se dégrade mois après mois. Ca ne fait pas de doute pour moi que je devrais passer par un don d'ovocyte, et qu'une grossesse n'est pas pour autant assurée.

Disons que cette relation vient soulever le tapis sous lequel j'avais balayé tout cela pour arriver à avancer, comme si une part de moi refusait de capituler, et me disait "c'est maintenant ou jamais".

Bonsoir Pomme,

Je pense comme Flora que tu devrais déjà commencer par refaire un bilan  de fertilité et les analyses qui vont avec.
tu dis que tu as une trompe bouchée, donc pê aussi que tu pourrais voir avec ton gyneco s'il y a possibilité de la déboucher.
déjà, il faudra qq mois le temps de s'occuper de tout ça, et ça te permettra d'avoir un peu plus de recul par rapport à ta relation actuelle.

après, à mon avis, tu te poses une mauvaise question.
je pense que tu dois te demander si oui ou non tu peux te passer d'avoir un enfant "à toi".
(les enfants de ton compagnon sont encore jeunes, donc, si votre relation perdure, tu devrais aussi eavoir un role maternel)

à 42 ans, on n'a plus bcp de temps si on veut un enfant "biologique".
surtout que la prise en charge pour une fiv en france s'arrête la veille de tes 43 ans.
si par contre, tu penses que tu devras avoir recours au don d'ovocytes, ça te laisse plus de temps (jusqu'à 50 ans suivant les pays) pour y réfléchir.

si j'ai bien compris ton compagnon ne semble pas hostile à l'idée d'être à nouveau père. il a juste besoin d'un peu de temps.

à mon avis, si on sacrifie un fort désir d'enfant pour une relation amoureuse, au final on perd aussi la relation. si on s'oublie trop, on ne peut pas être heureux à 2. mais c'est juste ma vision perso.

bon courage à toi

Merci pour ton message littlemermaid, qui m'aide à réfléchir,

C'est une très bonne question,
Je pense que je pourrais accepter de ne pas avoir d'enfant "à moi" si je pouvais réellement prendre une place de maman. Ce ne serait pas le cas auprès des enfants de mon compagnon, qui sont en garde alternée. Je sais que je pourrais avoir une place auprès d'eux, mais secondaire.
Il y a toujours le risque, si la relation se dégrade, de tout perdre, toute la famille.

Et en effet, je sais que si je sacrifie un désir d'enfant, je finirai par en vouloir à mon compagnon.

C'est très compliqué pour moi d'entamer les démarches seule de mon côté, sans savoir si je peux investir cette relation ou s'il est préférable que je me préserve.
Et je m'en veux tellement de ne pas avoir fait le pas plus tôt...

Le RVS gynéco est dans 6 mois je vais essayer de trouver un autre gynéco qui pourrait me recevoir plus rapidement. En attendant j'ai pris RVS avec une sage-femme pour pouvoir en parler. Et je pense prendre un premier RVS par skype auprès d'une clinique espagnole, pour voir ce que ça me fait d'en parler concrètement.

Bonsoir Pomme,

J'arrive un peu tard dans la discussion. J'ai déménagé il y a un peu plus d'un mois et je n'avais plus internet.

Je n'avais encore jamais parlé de ma situation sur le forum. Je suis passée par ce que tu vis actuellement. Quand j'ai rencontré mon ami, la question des enfants s'est tout de suite posée. Il a deux ados, autant dire que jamais je ne pourrai jouer un rôle maternel auprès d'eux. Il a pris le temps de réfléchir pour moi à la possibilité d'avoir un troisième enfant mais très vite il a été clair qu'il n'en voulait pad d'autre. J'ai réfléchi de mon côté à la possibilité de ne pas en avoir . Effectivement, sacrifier mon désir d'enfant, c'était sacrifier à plus ou moins longue échéance notre relation. Nous nous sommes rencontrés en avril et en septembre je contactais une clinique pour me lancer dans un parcours PMA. Il m'a proposé de nous séparer pour que je rencontre quelqu'un ayant le même désir que moi. Je ne l'ai pas souhaité. C'est rare de trouver une personne avec qui ça colle. Et lui n'est pas parti.

Il a suivi mes démarches, mes essais, ma grossesse. Et finalement il était là au moment de l'accouchement, il a même coupé le cordon. Et la semaine dernière il a dit à ma fille qu'il était son papa de substitution.

Ce n'était pas gagné d'avance. Et je ne dis pas que toutes les histoires se finissent ainsi. Notre entourage n'y croyait pas. Nous avons pris les choses au jour le jour, étape par étape, prenant le temps à chaque de voir si chacun y trouvait son compte. Je suis passée par des phases d'angoisse à l'idée de le perdre. Pourtant je n'ai pas dévié de mon projet.

J'espère que tu trouveras ce qui te convient.
Bon courage à toi

Bonsoir Pomme reinette (vive les Pomme!!)

Merci beaucoup pour ton message, qui permet de concevoir les choses autrement que d'une manière idéale et toute faite...

Depuis ma dernière intervention sur le forum, j'ai fait 2 choses:

- échanger avec une sage-femme en attendant le rvs gynéco
ça ne m'a rien apporté, je la sentais essayer de résister à ses propres jugements et elle ne connaissait pas le sujet,
sa stagiaire, qui avait 20 ans de moins qu'elle, était beaucoup plus empathique et encourageante.
Je partage cette expérience pour confirmer que les professionnels ne sont pas toujours les meilleurs interlocuteurs...

- échanger de manière plus approfondie avec mon ami,
il m'a demandé un délai de réflexion jusque la fin du mois
Ce qui a été le plus étonnant pour moi (Pomme reinette, cela ressemble beaucoup à ce que tu as vécu), c'est sa proposition de trouver un homme ayant le désir d'être père ou bien passer par un don de sperme, mais tout en restant ensemble...
Et je ne comprends pas comment il peut souhaiter rester avec moi (il veut que l'on vive ensemble) tout en imaginant que je puisse avoir un enfant de mon côté,
qu'est ce que ça change?
J'ai beau retourner la question, je ne vois pas... bien sûr il n'y a pas la responsabilité mais dans les faits l'enfant est là...

Contrairement à toi Pomme reinette, j'ai refusé, car j'ai l'impression que ce serait de sa part comme une non acceptation de cette partie de moi, un peu comme s'il me disait "je t'accepte toute entière, sauf la partie de toi qui désire un enfant, celle-là il va falloir la développer en dehors de notre couple", et ce n'est pas ma conception du couple, mais peut-être ai-je tort...

Donc pour l'instant, j'en suis à "on reste ensemble uniquement s'il s'engage dans l'aventure avec moi", mais si après réflexion il me dit ne pas souhaiter d'autre enfant, je serai sans doute bien démunie...

(Je voulais juste ajouter que je suis touchée par la qualité des messages reçus jusqu'à maintenant, chaleureux et sans jugement, merci beaucoup...)

Chacun a sa perception du couple. C'est à toi de décider de ce qui te convient.
Pour ma part, je ne vis pas avec mon ami. Nous ne sommes pas prêts à le faire (même s'il n'y avait pas eu d'enfant).

Effectivement l'enfant est là et mon ami ne peut pas en faire abstraction. Et finalement il n'en a pas envie. Mais au moment où j'ai fait ce choix, c'était plus rassurant pour lui de se dire qu'il ne serait pas le père, surtout que notre relation était récente. Peur de se retrouver seul avec l'enfant en cas de garde partagé par exemple.

J'ai envie de dire que s'il te propose ça, c'est qu'il tient à toi. Il cherche une solution qui pourrait convenir à tous les deux. En ce moment il doit être aussi perdu que toi.
Lui as tu demandé quelle différence ça fait pour lui de ne pas être le père alors que vous vivriez sous le même toi ? Le plus simple est peut-être de lui poser la question.

Je comprends votre position s'il n'y a pas de souhait de vie commune, ça montre bien que tout est possible du moment que chacun est consentant, et ça me fait voir les choses autrement...

Ce que souhaite mon ami me semble malgré tout un peu contradictoire.
Je sais qu'il apprécie la garde alternée pour la liberté qu'elle offre la semaine sans enfants,
Si nous vivions ensemble et que j'avais un enfant, cet enfant serait là tout le temps, encore plus que ses propres enfants,

Donc cette question trotte dans ma tête oui et j'ai voulu la lui poser, mais pour l'instant je le laisse tranquille, puisque l'on s'est mis d'accord sur le temps de réflexion

En fait, je crois que que ce qui apparaît à travers cela, c'est ma peur de faire un enfant seule,
Quand je lis les témoignages des femmes qui l'ont fait, je me dis qu'elles sont plus courageuses que moi, que je n'en serai pas capable, parce que je suis trop ceci, pas assez cela...

Tout "l'avant" me fait peur, aller en Espagne, faire les examens, puis premier essai, gestion d'un éventuel échec...seule, ça me semble une montagne...

Bonsoir Pomme,

Nous avons je pense toutes peurs avant de nous lancer. Ce n'est pas ce dont nous rêvons et il faut inventer un nouvel avenir. Tu peux voir sur d'autres pages les doutes de chacune d'entre nous. Moi je suis allée chercher du soutien auprès de ma famille et de mes amis. Et le premier échec pour moi a été très difficile à supporter. C'est à ce moment seulement que j'ai été sûre de mon projet et de tout l'enjeu de chacune des inséminations suivantes. C'est dur mais on s'en remet. Nous avons toutes plus de ressources que nous le croyons au départ. Il faut peut-être que tu travailles ta confiance en toi. Pourquoi serais tu moins capables que les autres ?

Bonne soirée

Bonjour Pomme,

C’était très étrange de lire ton message car je me suis reconnue! :-)
J’ai 43 ans et j’ai rencontré mon ami il y a 2 ans après 3 ans de célibat (no comment! Lol). J’avais également abandonné l’idée de fonder une famille car je ne pensais plus rencontrer quequ’un. Quand j’ai rencontré mon compagnon actuel il m’a tout de suite dit qu’il ne voulait plus d’enfants et m’a demandé si je voulais vraiment rester avec lui car il ne changerait pas d’avis. Il a 50 ans, a 2 enfants d’une précédente union et m’a avoué les avoir eus surtout pour faire plaisir à son ex avec qui il est resté de nombreuses années. Cependant il est un père aimant et impliqué.
Après m’être un peu (beaucoup) torturé l’esprit j’ai décidé de rester avec lui.. et de commencer un projet de PMA. Je me considère comme future maman solo car nous ne vivons pas ensemble et je sais que cet enfant sera 100% sous ma responsabilité financière et parentale. Mon ami me soutient dans mon projet et m’a beaucoup soutenu après l’échec de ma 1ère FIV il y a 2 semaines.
C’est une situation un peu étrange mais je l’assume totalement. Les modèles familiaux ont tellement évolué depuis quelques années, entre l’homoparentalité, les familles recomposées...
J’ai décidé de ne pas choisir entre mon chéri et mon futur bébé, je verrai bien comment la situation évoluera.
Je te souhaite du courage pour la suite et beaucoup de bonheur