Crise d'angoisse et panique

[justify][justify]Bonjour à toutes,

J[justify]e ne sais plus vers qui me tourner pour extérioriser ma crise de panique... après quelques recherches sur le net, j'ai appris l'existence de ce forum, et je me dis que vous pourrez peut-être m'aider.
J'ai 42 ans et suis dans un parcours de PMA solo depuis 2018.
Voici mon histoire :
Fin 2016, je fais un burn-out et une dépression suite à trop de boulot et à une rupture dont je n'arrive pas à guérir : je travaille avec lui, il a une nouvelle compagne depuis plusieurs mois, et il va être papa alors qu'il ne voulait pas d'enfant... Il n'en veut toujours pas, ce n'était pas une grossesse prévue. Mais le fait est qu'il va avoir cet enfant avec sa douce. Et que c'est trop dur pour moi. Je prends un congé de 4 mois et je pars en voyage 2 mois : à la fin de mon road-trip, je finis pas comprendre l'origine cachée de mon mal-être : je ne suis pas malheureuse parce que mon ex va avoir un enfant, je suis malheureuse parce que moi je n'en ai pas. Et que j'ai toujours voulu en avoir. Je rentre guérie de ma blessure d'amour, regonflée à bloc en pensant à l'option de la PMA. Je décide de me laisser 1 an avec mon psy pour savoir si c'est bien ce que je veux. Début 2018, la réponse est oui.
Je me lance dans le parcours "PMA solo", les examens préliminaires (me confronte à la violence d'un radiologue manquant cruellement d'empathie et de douceur et à la douleur fulgurante d'un examen forcé...) et mon gynéco en France me diagnostique de suite un gros problème hormonal : il m'annonce que je n'aurai jamais pu avoir un enfant de façon naturelle : il m'aurait fallu une PMA, même si j'avais été en couple... 1er choc. J'encaisse et y vois une ironie du destin...
Je me lance donc pour une 1ère IAD en Belgique. Il y en aura 3.
Pour la 1ère tentative, j'ai eu une crise de panique : je ne voulais plus y aller, je n'étais plus sûre de rien, je ne savais plus si je voulais un enfant de cette façon, si je voulais un enfant tout court... Ma soeur m'a réconfortée et m'a dit de ne pas réfléchir, que c'était le traitement hormonal qui parlait, qu'il fallait que j'y aille. Alors j'y suis allée... en pleurant. J'ai détesté l'expérience... Et bizarrement, j'étais persuadée que ça fonctionnerait. J'ai fais un test de grossesse précoce (mais quelle erreur de débutante !) : il était positif. Mon coeur a explosé de joie. Le doute n'était plus possible. Mais ça n'a pas tenu. Et le jour du test officiel, c'était négatif. J'ai été dévastée. Suivront les 2 autres IAD, qui ne donneront rien.
Sur les conseils de mon gynéco, je m'oriente vers une FIV en Espagne, avec un médecin et une clinique qui ont toute sa confiance : il travaille depuis de longues années en étroites collaboration avec elle. Le rendez-vous est fixé. On est en septembre 2019. Et là, le médecin espagnol me diagnostique une infertilité : mon taux d'AMH est beaucoup trop bas, et combiné avec mes problèmes hormonaux, j'ai moins de 10% de chance d'arriver à tomber enceinte avec une FIV et mes propres ovocytes. Elle me parle du double don. Mon monde s'écroule et quelques semaines plus tard, je décide que 10% ce n'est pas 0% de chance, c'est une chance sur dix. Donc je décide de tenter le coup. Financièrement, je n'ai droit qu'à un seul essai. Mais je sais que si je ne vais pas au bout de ma démarche, je le regretterai toujours.
Je m'envole donc pour l'Espagne fin octobre. Je termine mon traitement hormonal sur place pour être au plus près de la clinique et ne pas rater le coche. Je ne réussi avoir qu'un seul follicule... La déception est grande, mais il y une chance, infime mais réelle. Le prélèvement est prévu le 2/11. Dans la salle de ponction, juste avant de m'endormir, le médecin pratique une ultime échographie. Le résulta est sans appel : j'ai déjà ovulé. Et je me rends compte que je le savais : si j'avais voulu ignoré ses crampes au ventre la veille au soir, la technologie confirme ce que j'avais compris : malgré le traitement hormonal, j'ai ovulé spontanément. Il n'y a plus rien a prélever. Tout s'effondre. Je rentre en France anéantie, avec cette nouvelle proposition d'avoir recours au double don.
Mais je ne suis pas prête à l'entendre... Si j'avais réussi "à faire le deuil de 50% de la génétique de mon enfant", le double don me remplit d'angoisse. Ce n'est plus, pour moi, le même projet. C'est plus lourd, ça me pose plein de questions, sur l'avenir de cet enfant, la transmission, l'éthique, etc... Pendant des mois, je vais me poser la question : j'y vais ou j'y vais pas. Impossible de trancher dans un sens ou dans l'autre. Ma vie change, tant professionnelle que personnelle, je déménage, je suis au chômage, je fais une dépression, j'ai une année particulièrement difficile. Et je n'arrive toujours pas à répondre à cette question qui m'obsède : j'y vais ou j'y vais pas ? Un jour, c'est oui évidemment, il faut y aller, le lendemain, c'est je ne sais pas. Et on arrive au printemps 2021, et face à cette question sans réponse qui m'empêche d'avancée dans ma vie, je sais une chose: à un moment, il sera trop tard, et la décision ne m'appartiendra plus. Et je veux être décisionnaire. Et surtout, je réalise que tant que je n'y vais pas, c'est possible, tout est possible. Au moment où je déciderai d'y aller, je sais que ce sera ma dernière chance de devenir maman. Après cet ultime essai, ce sera fini. Alors je comprends que c'est la peur de l'échec qui m'empêche d'avancer. Une fois que j'ai compris ça, plus de retour en arrière possible : j'y retourne. Il faut y retourner. Je dois boucler la boucle. Si ça marche, je serai maman, si ça ne marche pas, je devrai faire autre chose de ma vie, mais au moins, j'aurai tout essayé. Il n'y aura pas de place pour les regrets. Je rappelle la clinique, je retourne chez mon gynéco. Je refais les examens préliminaires.
Après une prise de tête conséquente pour faire un choix entre le DD ou le transfert d'embryon, je choisis d'avoir recours au transfert... un bébé premium ou un bébé low cost ? je plaisante avec ça, mais oui, l'aspect financier pèse lourdement dans la balance. Après discussion avec mes proches et mon gynéco, j'opte définitivement pour le transfert d'embryon, avec toutes les questions en suspens que cela engendre...
Et me voilà en plein traitement hormonal... Le transfert est prévu autour du 20 octobre prochain.
Et je refais une crise de panique énorme, monstrueuse : je ne sais plus ce que je veux ! je ne sais plus si je fais le bon choix, si je pourrai assumer cet enfant financièrement, si je pourrai l'aimer alors qu'il ne sera pas génétiquement de moi, qu'est ce que je vais lui raconter, est ce que ce n'est pas la plus égoïste des décisions, est ce que je veux réellement un enfant ou c'est pour faire comme tout le monde, est ce que je pourrai aimer une vie sans enfant, est ce que je ne vais pas trop y laisser de liberté si je l'ai, moi qui adore voyager, est ce que je ne vais pas me bloquer, est ce je suis prête, est ce je serai une bonne mère, est ce qu'il pourra être heureux sans connaitre ses origines génétiques.. ???? Je suis complètement perdue. Je ne veux pas en parler à ma famille, ni à mes soeurs. Mes 2 amies proches à qui je me suis confiée me disent qu'il faut que j'arrête de réfléchir et qu'il faut que j'aille au bout de ma démarche... Mais je ne sais plus.
Est ce l'une d'entre vous a eu une crise de panique comme ça à l'approche de l'IAD, FIV? DD.... ?? est ce que c'est "normal" ???
Je suis terrifiée, et avoir vos conseils m'aiderait peut-être à traverser ça...
Merci de m'avoir lu jusqu'au bout.... et merci pour l'aide que vous pourrez peut-être m'apporter.

Bonsoir Enylia et Bienvenue.

Pour faire court et synthétique : oh oui, bien sûr que l'on se pose toutes ce genre de question, qu'on a toutes la trouille à un moment ou à un autre !
Ce n'est d'ailleurs pas spécifique au parcours PMA ou mamans solos.

Respire un grand coup. Demande-toi ce qui serait le pire : essayer , aller jusqu'au bout ? Ou renoncer ? Pas maintenant, mais dans 1 mois, dans 1 an, qu'en penseras-tu?

Pour les questions que tu te poses, certaines sont légitimes et complexes. Pour la plupart, tu n'auras la réponse que dans bien longtemps.
Concentre-toi sur l'instant présent. Une chose à la fois.
L'expérience m'a appris que, dans bien des cas, la solution se présente quand on est face à la situation. Inutile de tergiverser pendant des semaines avant, les choses évoluent et tu n'as pas encore toutes les données en main.

Bon courage !!

Merci beaucoup Flora pour ta réponse qui me fait du bien !
Je vais essayer de mettre tes conseils (très judicieux) en pratique...
Belle journée et à bientôt !

Chère Enylla,

Très touchée par ton témoignage. Je voulais juste te dire: tes questions et tes inquiétudes sont tout à fait normales. Elles existent même chez une femme qui ferait un parcours ordinaire: bébé dans le cadre d'un couple sans problème de fertilité. Sauf qu'on en parle moins, que c'est même un peu tabou. Mais l'aventure de la maternité c'est un immense chamboulement en soi. Alors quand, en plus, on fait tout à l'envers, n'en parlons pas! Il y a la solitude, pas facile du tout! Affronter la peur de l'échec, les incertitudes, la crainte des réactions, le deuil de la vie dont on rêvait (et de l'homme qu'on aimait!) etc. Je peux t'assurer que tu n'as pas fini de flipper! ) Et tu sais quoi? C'est NORMAL! Accepte le. Ca ne veut pas dire qu'il faut minimiser ou faire comme si de rien n'était, juste d'accepter et de recevoir ces inquiétudes, ne pas résister contre elles, se dire que c'est absolument normal. Et que ça continuera tout au long du parcours (questions sur la fiv, sur la fiv do, sur l'aménagement de sa vie future, des questions du petit et de l'entourage, de se demander si on pourra tout gérer) et c'est le cas pour toutes (questions et peur sur la croissance, l'acquisition des compétences du petit, son alimentation, l'école, les apprentissages etc et oui, on en prend pour perpet! lol).
Juste un conseil si je peux me permettre: ne laisse pas ces inquiétudes freiner ton élan, pas trop en tout cas. Personnellement, je regrette d'avoir tardé. Une fois maman, je peux te dire que quelque soit ton parcours, fiv ou fiv do, papa présent ou pas, tu restes une maman à 200% avec le même amour, les mêmes moments de flippe pour ton petit!
Personnellement, je pense que ce qui rend les choses compliqués, c'est le poids du conformisme, les attentes des autres et les tabous: tellement de gens (célèbres notamment) cachent la nature de leur conception (fiv et de plus en plus fiv do) comme si c'était une honte, du coup, on a peu d'exemples auxquels nous raccrocher. Mais la société avance à grands pas et ce qu'on vit aujourd'hui, ce sera banal dans quelques décennies.
Alors continue ta belle avancée et tu vivras ton rêve d'être maman, même si c'est au prix de ces angoisses qui sont, encore une fois absolument normales, même si c'est pas facile à vivre sur le moment (ce que tu peux faire aussi c'est lire des témoignages dans des blogs, comme celui de Lutine surla fiv do, ça rebooste un max!)

bises et bonne continuation!

Bonjour Muguette,

Merci infiniment pour ton message qui m'a fait du bien.
J'ai décidé de mettre mon cerveau sur "OFF" :-)
Je pars mercredi pour Valence : la seule certitude que j'ai aujourd'hui c'est que je ne peux pas ne pas y aller, donc... j'y vais... et on verra.
Je crois effectivement que cette crise d'angoisse est ma façon de me cacher ce qui me fait me fait le plus peur : que ça ne fonctionne pas. Car c'est mon dernier essai. J'imagine qu'il m'est plus facile de douter de mon désir d'enfant que d'envisager que je ne puisse pas en avoir.... Maintenant, les dés sont jetés. Wait and see ! Le transfert a lieu jeudi prochain. La fin du périple est proche :-)
Merci encore pour tes mots et d'avoir pris le temps de me répondre.

Belle nouvelle Enylla! On croise les doigts.
Positive!! La seule question à te poser est "et si ça marchait ?!!"

Très fine analyse Enylla! Je pense aussi que c'est ça. C'est une manoeuvre classique du cerveau pour éviter en effet de se confronter à sa plus grande peur, celle de l'échec, il trouve des dérivatifs. Très bonne idée aussi de le mettre en pause pour éviter de ressasser et alimenter les angoisses. Une amie me dit souvent "chaque jour après l'autre" quand je traverse une période délicate. Plein de courage et surtout, je croise les doigts pour toi!

Merci à vous Deux pour vos mots justes et doux.
Je vous tiendrai courant de la suite :-)

Enylla, J'espère que tout se passe bien. Belle journée !!

Hello !

Merci Flora et Mel pour vos pensées le 21 octobre dernier...
Tout s'est très bien passé et l'équipe de la clinique qui s'est occupée de moi a été super.
J'ai fait ma prise de sang ce matin comme prévu, et le test est positif : ça a marché.
Pour l'instant, je ne réalise pas du tout... j'ai toujours mes supers crises d'angoisse, et ne sais toujours pas si j'ai fait le bon choix... mais je crois que je me suis tellement conditionnée à l'échec et à la perspective que ça pouvait ne pas fonctionner, que du coup, j'ai du mal à ressentir la joie... Je vais surtout aller voir mon psy et régler ça !
En tout cas, merci encore pour votre soutien et votre aide !
A bientôt.

Félicitations Enylla!!
C'est un bon début ! Ce parcours nous apprend la patience, et tu vas voir que ce n'est pas fini. Le 1er test, le second, le 1er trimestre... on passe notre temps à croiser les doigts pour que tout aille bien. C'est normal de t'inquiéter encore, tu t'inquiètes juste pour l'étape suivante, puis la suivante... ;-)
Même avec mon fils de quelques mois dans les bras, j'avais du mal à réaliser.
Juste, profite de l'instant présent !

Quant à savoir si tu as fait le bon choix, pense à ta réaction lors des échecs et à ta réaction en voyant le test positif... tu sauras!

Flora

Félicitations Enylla

Bravo Enylla!