Et la famille dans tout ça?

Bonjour,

je me suis lancée dans un projet de PMA pour femme seule en France et j'ai l'impression que du coté médical tout est plutôt simple et sans encombre (pour l'instant du moins, je n'en suis qu'au début). En revanche, l'annonce à ma famille a reçu des accueils assez mitigés voire carrément réfractaires.
Ma grand-mère, 96 ans, rejette en bloc le projet. Je peux comprendre aisément. Ma mère et son frère m'ont fait part de propos assez violents alors qu'ils se revendiquent comme des gauchistes, qu'ils écoutent France Culture et lisent le Canard Enchaîné:
- ce n'est pas sain
- un papa et une maman c'est ce qu'il faut pour l'équilibre d'un enfant
- tu vas le regretter
- que vas tu dire à ton enfant quand il te demandera pourquoi il n'a pas de père

ETC ETC

Ce type de discours me heurte beaucoup, moi, féministe, profondément gauchiste, et surtout avec un désir immense de devenir mère. Quelle trahison que d'avoir des réactionnaires cachés dans ma famille, de savoir que mon projet n'est pas accueilli avec joie mais avec méfiance et regrets.

Je ne suis pas du tout une habituée des forums mais je ne vous cache pas que ces discussions m'ont fait beaucoup de mal et que d'échanger avec des femmes qui seraient passées par la me serait d'une grande aide.

Merci beaucoup

Coucou,
Pour le coup ma famille et mes amis me soutiennent beaucoup donc je ne suis pas "concernée" mais je voulais te souhaiter la bienvenue

Bonjour Fuentes14 !

C'est rigolo, je me reconnais beaucoup dans ton message. J'insiste sur le "c'est rigolo", tu vas apprendre à en rire, rassure-toi !!!

J'ai annoncé mon projet de PMA à ma famille il y a environ deux ans. J'insiste sur le mot projet, car j'avais tout à mettre en place.
Comme toi, levée de bouclier. Mon grand-père, 85 ans, qui ne prend pas mon désir d'enfant au sérieux. Ma grand-mère maternelle (la femme du grand-père pré-cité), aujourd'hui décédée, a été abandonnée à la naissance. Ma mère, qui au début semblait bien accueillir le projet a fait volte-face quelques semaines plus tard et m'a "DECONSEILLE" d'avoir un enfant parce que : la maternité c'est horrible / qu'on galère / que seule je ne vais pas m'en sortir / que j'habite dans un studio et que je suis en CDD. Et que surtout, elle n'envisage pas que cet enfant ne connaisse pas son géniteur compte tenu de l'histoire de ma grand-mère et nianiania. Je ne te parle pas non plus de la question d'ordre purement technique de l'insémination. Comme une vache !

Mon père : "Tu veux pas plutôt trouver un mec gentil..." -_- vous vous doutez bien de ma réponse

Mon frère, comme ma mère, au début : "mais oui, tu fais ce que tu veux". Puis, fortement influencé par ma mère je pense, m'a envoyé dans les dents que quand même : je pouvais demander à un pote / m'inscrire sur un site de rencontre / que la PMA n'était pas la seule solution. En d'autres termes, que je ne me donnais pas les moyens de trouver un mec. Je lui ai bien sur répondu qu'il était hors de question de faire un enfant dans le dos d'un homme, mais également d'envisager une coparentalité avec un mec au hasard, tout simplement parce que c'est pas sur du tout... pour personne... Il a réussi à me sortir que j'étais égoïste, que j'allais priver un enfant de père pour ne pas m'embêter avec des questions de garde d'enfant...

Je t'étais pas à l'époque dans une situation professionnelle favorable et ça, ils ne se gênaient pas pour me le rappeler. J'avais beau expliquer que j'avais besoin de leur soutien, pour la PMA, mais aussi, et avant ça, pour rétablir ma situation pro, ils restaient sourds à mes appels.

Je pourrai vous en sortir encore des caisses. Bref, je tombe de l'armoire : famille de gaucho / éducation nationale / france inter. Le cauchemar. J'étais anéantie, c'était la triple peine : pas de mec, pas d'enfant, pas de soutien.

Pour la faire courte, j'ai coupé les ponts avec ma mère, il le fallait de toute façon pour d'autres raisons. Grosses tensions avec mon frère. Mon grand-père, assez soft, mais on en parlait pas trop, il est adorable mais pas empathique et très maladroit. Enfin, et ça c'était super, dialogue ouvert avec mon père, ça nous a beaucoup rapprochés d'ailleurs. Il se souciait surtout des aspects matériels et m'a beaucoup soutenue dans ma reconversion.

Et il y a bien sur, il y a les AMI.E.S, qui ont été formidables, m'ont soutenue et encouragée. J'ai ma psy aussi.
En parlant de psy, j'avais rencontré celle du CHU St-Pierre à Bruxelles. Elle m'a dit deux chose qui m'ont beaucoup aidée :
- d'une part, on ne fait pas un enfant seule (comme vous le voyez, l'entourage ne se gène pas pour donner son avis !)
- d'autre part, il faut en parler, il faut impliquer ses proches, du moins les plus bienveillants et compréhensifs pour ne pas s'isoler.

Parfois le soutien vient de là où on ne l'attend pas, une belle-sœur avec qui on était pas très proche, un chef a qui il a fallu parler du projet perso, etc...

J'ai choisi un leitmotiv simple : j'ai besoin d'énergies positives et saines pour avancer et construire. Toute personne qui mettrait un frein à mon projet en étant négative, réac ou autre, elle jarte ! C'est dit vulgairement mais c'est tout simplement ça. Je la place sur le côté de ma route et je continue mon chemin.

Depuis, j'ai fait 2 ponctions pour cryopréservation de mes ovocytes en Belgique, le temps de rétablir ma situation professionnelle. Celle-ci est stable depuis quelques semaines maintenant. Je me renseigne pour commencer les IAD avec donneurs semi-ouverts. C'est important pour moi (et pas pour faire plaisir à ma mère ). Parallèlement, les rapports avec ma mère et mon frère se sont apaisés, ma décision semble entendue. Ceci dit, je voulais qu'ils soient au courant de ma démarche, mais je ne leur parle pas du processus. J'ai choisi mes ami.e.s pour me tenir la main !

J'espère que mon long mail pourra un peu t'aider Fuentes, ainsi que celles qui se trouveraient dans cette situation délicate.
A plus
Pauline

Bonjour Pauline.

Merci infiniment pour ton long message et partage d'expérience. Ca fait chaud au coeur de te lire et ça me rassure de voir qu'on peut continuer de marcher droit vers son but sans briser tous les liens.

Effectivement je ne conçois pas la maternité totalement seule, ce sera une grande aventure avec plusieurs figures affectives.

Je te souhaite un merveilleux parcours de PMA et je suis disponible sur Instagram (fuentesquatorze) si tu souhaites continuer a échanger !

Bonne journée et encore merci !

Bonjour,
Haha le coup de "tu vas le priver d'un père ".... Classique !
Ben tant pis on va s'adapter.... C'est la vie et la société évolue. Tout comme les mariages gays... Alors dans 15 ans il y aura un peu de tout...
Le tout est de bien sen occuper.